Gamin, je superposais ma voix aux images et personnages qui défilaient sur le petit écran ; dessins animés, documentaires, fictions ou publicités. Déjà, je faisais du voice-over, sans le savoir. Je m’amusais à endosser le rôle de chaque personnage, passant de l’un à l’autre en modifiant ma voix et en essayant de copier les différentes intonations.
Lycéen flâneur, un soir je croise la route d’un magnétophone à bande, abandonné là, sur le trottoir. Ce sera le début d’une longue liaison sonore. J’use mes premières bobines à enregistrer des titres sur Inter (la seule radio autorisée à la maison) diffusés par Bernard Lenoir dans Feedback, Patrice Blanc-Francard ou encore Jean-Louis Foulquier. Je passe du Grundig au Telefunken pour arriver enfin aux possibilités rêvées du montage sur Revox B77, le graal ! Sauf que maintenant, il va falloir économiser pour me payer des bandes de qualité digne de cette machine.
Touche-à-tout, je collabore à quelques projets musicaux comme bassiste et choriste, j’intègre une chorale, je m’équipe d’un magnéto TEAC 4 pistes sur K7 (une fortune à l’époque !) sur lequel j’enregistre mes compos et celles des copains. Je profite de la libération des ondes FM pour intégrer les premières radios libres parisiennes ; on y crée des jingles, des génériques, on enregistre de tout, avides de créations sonores. On y monte aussi des ateliers et théâtres radiophoniques, tout ça dans un joyeux foutoir ! Et en indépendant, je réalise mon premier spot voix off / musique pour la recherche sur le diabète.
Fin des années ’80, j’entre au studio 15.30 productions, à Paris, comme assistant puis ingénieur du son. Console Lafont Producer et 24 pistes Otari. Pour les grandes enseignes, on y produisait des musiques et messages publicitaires, ainsi que des émissions de radio prêtes à diffuser. Des milliers de kilomètres de bande magnétique. Mon oreille a été marquée par les voix stars telles que Benoît Allemane, Julie Bataille, Alain Dorval, Michel Élias, Marion Game… également par les compositeurs et musiciens de studio de cette époque riche de créativité.
Dans les années ’90 et avec l’apparition du numérique, je continue ma route sonore dans le spectacle vivant, avec de nombreux artistes internationaux, tels que Johnny Clegg, Cesária Évora ou Hadouk. Au gré des concerts, cette activité de mixeur-globe-trotteur me transporte de Vancouver à Adélaide, en passant par Reykjavik, Tokyo, Essaouira, Buenos Aires, Johannesburg, Los Angeles (pour faire court)… oui, mon bilan carbone n’est pas des plus légers !
Et la voix, on oubli ? Pas du tout ! Je suis la formation Le comédien au micro à l’INA (Institut National de l’Audiovisuel). Je prends des cours de théâtre, de clown et de placement de la voix, je reprends le chant en chorale. Pour le voice acting, je me forme au doublage avec Agathe Schumasher, Juliette Degenne et Philippe Peythieu.
En parallèle, je continue mes activités sonores. Je mixe des projets musicaux, des films informatifs ou pédagogiques, j’enregistre, je corrige, je monte, j’illustre, je tapisse, je bruite, je sonorise, je masterise.
En conclusion…
Mais, pourquoi une conclusion ? Le language, la voix, qu’elle soit parlée ou chantée reste et sera toujours LE facteur de transmission essentiel à l’humanité.
À bientôt ?